Crise de la vache folle

2000

Que voulons-nous manger ?

La tenue des États généraux de l’alimentation, en septembre 2000, fait suite à une décennie de crises sanitaires. Épisode de la vache folle, poulets « à la dioxine », épidémie de listériose, la fin des années 1990 est marquée par une succession de crises sanitaires à fort retentissement médiatique. Régulièrement reprises par les médias, les alertes sanitaires ont contribué à créer une crise de confiance sans précédent chez les consommateurs, hantés par les appels anxiogènes à « surveiller » leur assiette. Les politiques publiques s’en sont trouvées profondément perturbées, le risque alimentaire ayant saturé le champ de la communication sur l’alimentation.
La question posée lors des États généraux de l’alimentation, « Que voulons-nous manger ? », est révélatrice de la volonté des pouvoirs publics de sortir de l’ornière de la méfiance collective, de redonner la parole à la population. Des ateliers de travail réunissant 3 500 personnes sont organisés dans toute la France afin d’ouvrir le dialogue sur cette question. Les cahiers de doléances font apparaître que l’alimentation est devenue une « boîte noire », que le public demande plus de transparence et qu’il conviendrait de mieux l’informer sur les produits (Avis 37, « L’information des consommateurs relative aux données alimentaires »). La demande insistante de traçabilité, à tous les stades de la chaîne alimentaire, émerge à cet égard comme l’une des conséquences de la crise ESB (Avis 28, « La traçabilité des denrées alimentaires »). Les travaux préparatoires du CNA, réalisés en amont des États généraux de l’alimentation, avaient par ailleurs montré l’intérêt d’une distinction entre risque consenti, c’est-à-dire socialement acceptable car renvoyant au libre arbitre de chacun (choisir de fumer), et risque subi, inacceptable parce que soustrait au contrôle de l’individu. Finalement, il ressort de ces forums que le consommateur veut désormais être considéré comme acteur et codécideur en matière et de santé et d’alimentation.