Crise de la vache folle

2001

Le CNA, incubateur de l’acceptabilité sociale

Au printemps 2001, l’Afssa s’autosaisit et rend un avis sur les conditions d’évolution d’un abattage total vers un abattage sélectif dans les troupeaux ayant hébergé un animal détecté comme atteint de la maladie de la « vache folle ». Il s’ensuit une saisine du CNA par la DGAL, qui lui demande de donner un éclairage d’urgence sur l’avis de l’Agence. Situation inédite pour le Conseil, qui travaille habituellement dans le temps long de la concertation sur des sujets de fond. Le Conseil livrera l’Avis 27 en un temps record, après un week-end de travail intense.
Une première, aussi, dans le sens où cet Avis place le CNA en position de proposer un autre type d’expertise que celle consistant à quantifier les risques. Pour la première fois, le CNA va faire valoir une approche sociétale et une hiérarchisation des mesures par les organisations représentatives, qui est une sorte de préfiguration de l’expertise dite « de deuxième cercle » théorisée par G. Viney et P. Kourilsky.
Communiquer implique toujours un double mouvement : émettre un message, mais aussi recevoir des informations. De fait, le CNA devient un incubateur visant à tester l’acceptabilité sociale des mesures et des messages de gestion de crise. Si, en son sein, l’inclusion des voix des représentants de la société civile et des parties intéressées permet de conforter les décisions des pouvoirs publics, le CNA joue aussi un rôle de laboratoire de démocratie participative. Les pouvoirs publics peuvent en effet y confronter leurs idées, « déminer » leur sujet au sein de « l’espace social » représenté par les organisations de consommateurs et les filières. C’est le lieu où émergent des éléments de langage, des informations qui auront vocation à être plus largement diffusés.
Il s’opère ainsi un glissement, un changement d’appui des décisions de gestion et de communication des risques au cours duquel le CNA va être utilisé comme une chambre de décompression du risque médiatique. Tout comme l’évaluation scientifique du risque, l’information doit, elle aussi, être coconstruite et passée au crible du regard collectif. C’est précisément le mode de fonctionnement des groupes de travail du CNA.