Alimentation et nutrition

2015

Lancement de l’appel à projets du Programme national pour l’alimentation

Les Français ont toujours eu une relation privilégiée avec leur alimentation. Cette relation a profondément marqué l’histoire, la culture et le mode de vie de notre pays. Manger n’est pas seulement un acte fonctionnel, c’est un plaisir quotidien et partagé qui obéit à certaines règles : la convivialité, la diversité alimentaire, le respect d’horaires fixes et la structuration des repas autour de trois plats principaux. Ces règles définissent un modèle alimentaire français. L’équilibre de ce modèle expliquerait pour partie qu’en France seulement 14 % des adultes ont des problèmes d’obésité, contre plus de 30 % aux États-Unis. Gage de bonne santé et de sociabilité, le modèle alimentaire français est un bien collectif qu’il faut transmettre aux générations futures. Face à la mondialisation et à l’uniformisation des habitudes alimentaires, le modèle français reste pour l’instant relativement préservé : le goût prime sur tous les autres critères d’évaluation des aliments et des recettes, le rythme des trois repas est respecté et la cuisine demeure un sport national.
Enfin, les ménages consacrent encore une part relativement élevée de leur budget à l’alimentation (13,5 % en moyenne).
Cependant, ce constat ne doit pas cacher la remise en cause croissante de ce modèle, notamment chez les jeunes. Ces derniers cuisinent moins ; ils achètent des plats préparés, délaissent la table pour le canapé et préfèrent le snacking à la prise de repas à heure fixe. Ils consacrent à peine 8 % de leur budget à l’alimentation, contre 15 % pour leurs parents et 20 % pour leurs grands-parents. L’achat de fruits et légumes est divisé par quatre chez les jeunes par rapport à leurs grands-parents. Les distances entre lieu de travail, foyer et activités sociales s’allongent, et une partie de la population travaille en horaires décalés, ce qui favorise des comportements alimentaires en rupture avec le modèle français. Cette dérive pourrait s’accélérer avec l’éclatement de la structure familiale traditionnelle et la mondialisation des modes de vie. Les inégalités sociales enfin fragilisent le modèle alimentaire français. Privées de repères sociaux et alimentaires, les populations en état de précarité concentrent leurs achats sur les produits saturés en mauvaises graisses et en sucres. L’aide alimentaire connaît une forte croissance en France : elle concerne près de 3 millions de personnes, de façon ponctuelle, régulière ou permanente (en croissance de 8 % entre 2006 et 2008, et de 12,5 % en 2009).
Ce modèle alimentaire est pourtant l’un des moteurs les plus dynamiques de notre économie : la France est le premier producteur agricole de l’Union européenne et le second pour le chiffre d’affaires des industries agroalimentaires. Un changement de nos habitudes alimentaires se répercuterait donc sur notre agriculture et nos industries agroalimentaires. À titre d’exemple, si les Français mangeaient cinq fruits ou légumes par jour, il faudrait multiplier par trois la production nationale de fruits et légumes.
De son côté, le consommateur est de plus en plus attentif au goût des aliments, à leur origine française — voire régionale —, à leur qualité sanitaire, à leur prix et aux coûts environnementaux et sociaux engendrés par leur production. Ces attentes ne peuvent être satisfaites qu’à la condition de les figurer dès l’amont et à toutes les étapes de la chaîne alimentaire. Les attentes du consommateur-citoyen doivent ainsi devenir le fil conducteur de la production et un levier essentiel des évolutions à promouvoir.
L’alimentation recouvre donc un ensemble de problématiques très variées : maintenir des traditions culinaires et des liens sociaux, permettre l’accès de tous à une nourriture de qualité, garantir la sécurité des aliments et la santé publique, préserver notre modèle agricole, nos industries agroalimentaires et les emplois qu’elles génèrent, tout en s’inscrivant dans une perspective de développement durable. Autant d’enjeux sociaux et économiques majeurs qui justifient le renforcement de l’intervention publique en matière d’alimentation. Or, jusqu’à ce jour, il manque une action publique intégrant toutes les problématiques de l’alimentation et du modèle alimentaire français et regroupant les initiatives sectorielles existantes (agriculture, pêche, santé, consommation, environnement, tourisme, éducation, culture, aménagement du territoire, etc.). C’est l’objectif du Programme national pour l’alimentation, dont le dernier appel à projets a été lancé dans les territoires en septembre 2015.
L’Avis 69, « Propositions du Conseil national de l’alimentation pour la mise en œuvre du Programme national pour l’alimentation », sera largement repris pour construire le premier PNA (2010-2013).

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