Et demain ?

Évolution des positions

© hiphoto39/Fotolia.

Certains observateurs relèvent que les tempéraments des membres du CNA ont changé, que ceux-ci sont, pour la plupart, parfois moins enclins à prendre de risque dans le consensus. Car le consensus, celui qui fait bouger les équilibres, implique une prise de risque.
De ce fait, le CNA est aussi un lieu où différents points de vue s’expriment et sont entendus, en plus d’être un lieu de construction d’une position consensuelle unique, parfois âprement négociée. Cette évolution va de concert avec une tendance de fond de la société, de même que les cadres juridiques, auparavant prescriptifs et contraignants sous forme d’obligations de moyens, ont évolué, dans le domaine alimentaire et notamment sanitaire, essentiellement sous forme d’obligation de résultats, renforçant la responsabilité des opérateurs.
Cela étant, chaque sujet est un cas particulier.
L’Avis 73, «  Communication et alimentation, les conditions de la confiance » (2014), traduit une appropriation nouvelle du CNA par ses membres. Ce sont en effet eux qui ont souhaité travailler sur un sujet complexe, l’image de l’alimentation auprès des consommateurs et le manque de cohérence des messages émis par les différents acteurs, notamment en situation de crise. Seul le CNA offrait la possibilité d’un travail de fond, qui durerait le temps nécessaire (ce fut deux ans et demi), sans pression, pour identifier de vraies pistes d’action. À l’inverse des autres Avis, les recommandations s’adressent en premier lieu aux acteurs économiques des filières, qu’elles renvoient à leurs responsabilités dans la situation dégradée actuelle, et seulement à la marge aux décideurs publics et aux administrations. Cet Avis, novateur, sans concession, mais cependant très consensuel, illustre indiscutablement une nouvelle façon de valoriser le cénacle du CNA.
Dans un nouveau contexte relativement instable, le CNA a-t-il plus ou moins d’influence ? Est-il un acteur plus légitime dans le paysage démocratique français ? Il est difficile de le dire, et la question ne présente sans doute guère d’intérêt. Ce qu’il faut réaffirmer, c’est qu’une instance de débat sur le fond de la politique alimentaire française est indispensable dans le monde actuel. Le CNA doit préserver un fonctionnement serein, détaché des temporalités médiatiques et politiques courtes, qui lui permette d’accompagner les évolutions culturelles de fond.